Nous sommes encore au regret d’annoncer un décès en 2023, celui d’Albano Cordeiro, membre de notre association, disparu dans la nuit du 29 au 30 décembre.
Albano était notre ami, un membre actif de notre association, un des premiers donateurs d’archives à la Contemporaine, ainsi qu’une source d’inspiration pour nous tous.
Ses travaux d’économiste et de sociologue ont considérablement influencé notre façon de comprendre l’immigration et d’appréhender notre histoire. En l’articulant avec celle des autres, il a permis de construire une grille d’analyse de l’immigration portugaise qui est encore la nôtre. Nous sommes les bénéficiaires chanceux, mais conscients, de cet héritage intellectuel et politique.
Albano combinait un mélange unique de distance critique pleine d’ironie, et une profonde bienveillance envers le sujet de ses études. S’il se considérait comme un citoyen du monde, un « luso-mozambicain-italo-français » comme il aimait à le dire, il était comme un poisson dans l’eau dans l’univers associatif portugais.
D’une manière générale, Albano était de ceux qui n’ont pas peur de se salir les mains ou de se mouiller. Il n’a pourtant jamais été un militant politique ennuyeux, attaché à une chapelle ou à un bréviaire. Jusqu’à la fin, il n’a jamais cessé d’analyser le monde qui l’entourait, en se montrant curieux de toutes les nouveautés politiques qui venaient à lui : mouvements indépendantistes d’Afrique lusophone, révolution algérienne, opéraïsme italien, processus révolutionnaire au Portugal, mouvement des jeunes immigrés dans les années 80, mouvement des droits des immigrés dans les années 90 et 2000, printemps arabes, indignés espagnols et portugais, gilets jaunes, etc…
Les archives qu’il a déposées à la Contemporaine révèlent d’ailleurs un fait important qui n’était pas visible du grand public. Pendant toute sa carrière, Albano a dirigé, participé aux jurys, ou simplement soutenu un nombre impressionnant de travaux de jeunes étudiants, qui avaient pour objet l’immigration portugaise, dans des disciplines aussi diverses que la sociologie, l’anthropologie et l’histoire.
Albano va nous manquer, pour ses analyses bien sûr, mais aussi et surtout pour sa générosité, sa sympathie et son sens de l’humour à toute épreuve.
Suite à cette disparition, nous pensons très fort à sa compagne, sa famille et ses amis, que nous savons nombreux.
Ses obsèques auront lieu le 15 janvier à 13h30 au crématorium du Père-Lachaise.
PS : Nous partageons ici une interview d’Albano, publiée dans la revue Hommes et Migrations en 2006, Laure Pitti avait interrogé Albano Cordeiro sur sa trajectoire de chercheur engagé : https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_2006_num_1263_1_4511