« Au nord du Portugal le mari et la femme travaillaient souvent ensemble sur la propriété familiale. Le lieu de travail était commun –sauf quand le mari avait un emploi non agricole -, mais il existait une division du travail, la femme accomplissant des tâches moins lourdes que l’homme. C’est hors du travail que les lieux et les pouvoirs de l’homme étaient distincts : l’intérieur (la maison) était le domaine de la femme et son pouvoir s’y exerçait sans intervention de l’homme, alors que l’extérieur (café, amis) était le domaine de l’homme. L’homme avait le droit de se distraire et de s’amuser alors que la femme devait accomplir ses tâches domestiques. Avec l’émigration, la situation s’inverse dans la mesure où les lieux de travail deviennent distincts tandis que les lieux de loisir ont tendance à devenir communs, à cause de la télévision, du nombre plus restreint d’amis du mari, de l’absence des parents de la femme. […] En France, les Portugaises sont donc plus nombreuses à se révolter contre le cumul des tâches qui fait d’elles des « esclaves ». Dans la plupart des cas l’aide du mari est considérée comme normale, mais elle est difficile à exiger de quelqu’un qui n’y a pas été habitué et qui, même s’il ne le refuse pas, ne sait pas. On observe donc un désir de changement qui se heurte à des résistances d’ordre culturel. » (p.168-169)
Observations : L’auteur s’interroge sur l’évolution psychologique de femmes Portugaises immigrées dans la région parisienne, et montre que les valeurs apprises dans la société rurale de départ, une société patriarcale, sont ébranlées, mais résistent à un changement radical.